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Intégration régionale mode d'emploi : il faut s'en remettre à l'économie et à la volonté politiques

 

L'intégration régionale en panne ? Pourquoi l'Afrique est-elle bloquée dans ce domaine en dépit des efforts déployés ? Quelle approche pratique adopter pour accélérer le processus ? C'était la tonalité des discussions dans le cadre des Assemblées annuelles 2014, qu'ont eues, jeudi 22 mai à Kigali, les ministres et gouverneurs de la BAD siégeant dans la plus haute instance de l'institution. Au menu du Dialogue des gouverneurs : « Les 50 prochaines années : L'Afrique que nous voulons ».

Comme entrée en matière, les hauts responsables de la BAD ont suivi un exposé sur un Success Story en matière d'intégration régionale, celle de l'avionneur européen Airbus.

A l'origine, dans les années 70, la compétition avec les Américains qui produisait 12 000 appareils tournait au désavantage des européens qui en produisaient 4000 appareils par an. La France, l'Allemagne et la Grande Bretagne ont alors décidé d'unir leurs efforts en fusionnant, pour, d'une part produire les composants et d'autre part, de contribuer à la fabrication de l'appareil.

Ce regroupement a permis au fil des ans à l'Europe de grignoter son retard par rapport à l'Amérique et prendre des parts du marché mondial. L'exemple de cette réussite est l'airbus A 380, fabriqué par l'Espagne, la France, l'Allemagne et le Royaume Uni. La stratégie adoptée a été de mettre en place les infrastructures nécessaires et une organisation commune. L'assemblage de l'appareil et la production des composants fragmentés dans plusieurs pays ont créés des emplois et des marchés juteux.

Le mode d'organisation consistant à la fragmentation de la fabrication des composants dans plusieurs pays au niveau international, a aussi permis de créer des marchés captifs puisque cette formule débouche sur un espace de pérennisation, avec au final la naissance d'une « icône du Club européen » l'avion européen.

De l'approche européenne plusieurs enseignements peuvent être tirés par l'Afrique. Il s'agit d'abord de l'engagement de pays pour une intégration régionale avec une forte implication de tous. En outre, ce pacte repose sur un partenariat gagnant-gagnant. Il est aussi fondé sur l'économie politique « à l'ancienne ». C'est-à-dire un développement économique sous-tendu par une forte volonté politique à l'image des pactes fondateurs européens des débuts de l'intégration, tels que la communauté du charbon et de l'acier, vecteur de paix et de développement. Au final, un système dans lequel où tout le monde est assuré d'avoir sa part du gâteau.

Les auteurs de cet exposé, Nkosana Moyo, CEO, MINDS, South Africa et Acha Leke, directeur, Mc Kinsey&Company, ont invité les ministres africains à réfléchir sur la façon de mettre en place des industries manufacturières communes, dans les domaines de l'automobile, de la sidérurgie etc.

Pour le vif du sujet, les gouverneurs ont travaillé en quatre groupes – Politique stratégique ; Intégration régionale ; Emploi productif ; Conflit et fragilité.

Les propositions des discussions en groupe ont porté sur la nécessité d'avoir un leadership stratégique pour optimiser l'impact des taux de croissance élevés pour créer de l'inclusion. Les politiques économiques qui font flores doivent désormais céder la place à des actions stratégiques et des arrangements institutionnels entre les dirigeants et la société civile.

La Banque africaine de développement doit veiller à ce qu'il y ait un dialogue politique. Le leadership doit mener à des politiques claires pouvant engendrer une adhésion des populations.

S'agissant de l'intégration régionale deux aspects primordiaux ont été abordés. Le commerce intra régional et la mobilité du travail. Il a été recommandé d'aller préalablement au-delà d'une simple volonté politique. Cette démarche doit être accompagnée de l'établissement d'un environnement sûr, d'un alignement des cadres juridiques pour les affaires. La question des visas doit être résolue avec réalisme dans le court et long terme. Leur délivrance en ligne devant être généralisée. Il est aussi impératif d'aligner les priorités régionales du continent en raison des agendas différents qui se multiplient. La BAD pour sa part, doit rationaliser les multiples initiatives et fonds existants et aider à rationaliser les stratégies régionales.

Pour le volet portant sur l'emploi productif, l'accent devra être mis, entre autres, sur la participation des femmes au marché du travail, l'auto emploi, l'amélioration du climat des affaires ainsi que la promotion des secteurs générateurs d'emplois dans les infrastructures et le logement.

Enfin, un domaine des plus cruciaux, vu l'actualité dramatique du continent : les conflits et la fragilité, ont fait l'objet d'un consensus : la paix, la sécurité et l'Etat de droit sont des éléments essentiels pour le développement. Réduire les conflits est donc d'une importance capitale.

Toutefois cette question hautement politique dans bien des aspects devrait être gérée au niveau politique très élevé. Par contre au niveau post-conflit, la BAD peut apporter son appui sur la question de la démobilisation.

SOURCE Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)

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